Samedi 20 avril 2024
Après la traversée du désert
Le Quatuor Cambini joue avec fougue un David oublié
Félicien David

Félicien David (1810-1876) est de ces compositeurs dont le nom traîne dans les livres et la musique nulle part. Natif du Vaucluse, admis au Conservatoire en 1830, il fait partie à Paris des cercles saint-simoniens, qui prônent un socialisme utopique. Après la dissolution de cette communauté par le gouvernement de Louis-Philippe, il séjourne avec quelques apôtres en Egypte et en Syrie (1833-1835) et se fait à son retour le chantre de l’orientalisme en musique, avec notamment le « célèbre » oratorio Le Désert (1844). Il obtient ensuite certains succès à la scène (La Perle du Brésil, 1851) et en 1869 succède à Berlioz à l’Institut. En 1868 seulement, il aborde le quatuor à cordes : quatre se succèdent, dont le dernier reste inachevé. Il est à la fois facile et difficile de leur trouver des ancêtres : en définitive plutôt Mendelssohn que Beethoven (opus 18 et 59) ou Schubert, sauf dans le finale du n°2 en la majeur. Ce quatuor d’un beau lyrisme est plus abouti que le n°1 en fa mineur, plus nerveux mais où Félicien David donne parfois l’impression de ne pas savoir quoi faire de ses idées. Le seul mouvement achevé du n°4 en mi mineur est un petit chef-d’œuvre. Déterminer ce dont Félicien David « s’inspira » importe en fin de compte assez peu. On ignorait que cette musique existait. Sans bouleverser les idées reçues, elle s’écoute avec une grande sympathie, voire avec étonnement. Il est décidément payant d’aller fouiller dans les archives, en l‘occurrence parmi les manuscrits de la Bibliothèque Nationale. Après s’être consacrés à Hyacinthe Jadin et à d’autres, les Cambini en témoignent.
Marc Vignal

Quatuors à cordes n°1 et n°2. Allegro ma non troppo du quatuor à cordes n°4 inachevé
Quatuor Cambini-Paris
1 CD Ambroisie-Naïve AM 206
57 min

mis en ligne le jeudi 16 février 2012

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