Samedi 20 avril 2024
Adieux à l’ego
Herbert Blomstedt fait de la Neuvième de Mahler un baume réparateur
Mahler IX

Faut-il une dose minimale d’égocentrisme pour réussir la dernière symphonie de Mahler ? La question peut être posée en écoutant cette version, admirable par son respect du texte et frustrante parfois par sa volonté même de ne pas en rajouter. Devenu l’un des totems du podium, Herbert Blomstedt reste chez Mahler fidèle à son style : exempt de la moindre emphase. Mais le moins exhibitionniste des chefs peut-il rendre justice à la dimension confessionnelle de cette œuvre testament ? Loin des délirants cauchemars de Bernstein à Berlin, des visions cosmiques de Karajan (à Berlin aussi) ou des ambiguïtés habilement entretenues d’Abbado à Lucerne, Blomstedt peut paraître plus détaché, plus soucieux de garder le contrôle que de montrer ce que la musique a de déséquilibré et d’excessif. Mas si une interprétation sereine de la Neuvième symphonie de Mahler n’est pas un oxymoron, il la réussit pleinement : pas de pathos souligné dans le premier mouvement, qui de crescendo en crescendo se déploie presque placidement ; pas de danse folle dans le scherzo, pas d’ironie grinçante dans le troisième mouvement. Le finale est d’une lumineuse sérénité, idéale pour mettre fin à cette interprétation d’où l’Orchestre de Bamberg, bien servie par une prise de son de la Radio Bavaroise de toute splendeur, sort vainqueur. 
Pablo Galonce

Symphonie n° 9
Orchestre symphonique de Bamberg
Direction musicale : Herbert Blomstedt
2 CD Accentus Music ACC30477
1 h 23 min

mis en ligne le samedi 31 août 2019

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