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Quarante après sa création en France, retour rajeuni d'un opéra-culte
Einstein on the Beach

Créé au Festival Avignon, puis repris à Paris, en 1976, Einstein on the Beach est devenu un spectacle culte, alors qu’il avait été imaginé par des marginaux : Philip Glass, Bob Wilson, Lucinda Childs, Christopher Knowles, Samuel M. Johnson… Qui se souvient que, pour rembourser leurs dettes, Glass fut chauffeur de taxi et Wilson travailla comme un forcené ? Fondé sur une durée wagnérienne, l’absence de narration, un minimalisme sonore et visuel et sa danse ritualisée, cet anti-opéra a marqué plusieurs générations issues de la musique et du théâtre, mais aussi venues des arts plastiques, de l’architecture, etc. Que devient sur un écran plat l’espace onirique de ce bain d’énergie sonore conjugué à la stylisation extrême du geste wilsonien ? On pourrait rétorquer que l’opéra filmé est un pis-aller… Si la réalisation ici n’est pas en cause, on remarque cependant que le principal intéressé, Bob Wilson, n’a pas participé aux images finales, là où, au contraire, son confrère Peter Sellars s’investit totalement dans la captation vidéo de ses spectacles… Sinon, comment expliquer que la caméra ne nous cache rien de la dentition d’un chanteur, ou que la continuité d’une action soit contrariée par un plan isolé ? Contrairement à la seconde reprise de ce spectacle, passée par la France, en 1992 (MC93 Bobigny), ni Glass ni Childs ne sont présents, mais ce sont leurs formations respectives, le Philip Glass Ensemble et la Compagnie de Danse Lucinda Childs qui assurent, et fort bien, le déroulé de l’opéra, avec une troupe rajeunie de comédiens-chanteurs. Ne boudons pas notre plaisir de retrouver l’architecture grandiose de cette œuvre sans pareille, avec l’euphorie bondissante de ses fusées : les Danses 1 et 2, le fameux texte Prematurely Air-conditioned Supermarket de Childs, à l’acte III, ainsi que la totalité de l’Acte IV – le plus planant, irrigué d’une riche polyphonie d’images. Petit bémol, mieux vaut posséder l’un des deux enregistrements audio pour avoir accès au détail des plages, non indiquées dans le livret, qui ne comporte pas non plus le texte. 
Franck Mallet

Glass-Wilson : Einstein on the Beach
Antoine Silverman (Einstein, violoniste solo), Helga Davis (comédien chanteur), Kate Moran (comédien chanteur), Jasper Newell (garçon), Charles Williams (M. Johnson)
The Lucinda Childs Dance Company, The Philip Glass Ensemble
Direction musicale : Michael Riesman
Mise en scène : Robert Wilson
Réalisation : Don Kent
2 DVD Opus Arte OA 1178 D
4 h 24 min

mis en ligne le vendredi 24 février 2017

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