Vendredi 29 mars 2024
Une Belle Meunière bille en tête
Mark Padmore aiguillonné par Paul Lewis
 
Le même, pas pareil
Le panache désespéré
L’interprétation idéale de Christoph Prégardien
La Belle Meunière

Le monde à l’envers : l’année dernière, le ténor anglais Mark Padmore a donné un Voyage d’hiver précieux et alangui, un cauchemar de baroqueux (qu’il a longtemps été) jeté dans la bouilloire romantique. Avec La Belle Meunière, on pouvait s’attendre à ce qu’il s’engage plus avant sur ce terrain glissant. Eh bien, pas tant que cela, ou plutôt pas tout le temps. Aiguillonné par Paul Lewis, qui n’hésite pas, pour une fois, à écorner son idéal de beau son, il se lance bille en tête dans l’errance du Meunier désespéré. Soutenu par une telle énergie, son timbre fragile devient un atout : on s’attend à tout moment à ce que la rivière engloutisse le malheureux. Dans les lieder les plus introspectifs (Der Neugierige : « Petit ruisseau de mon amour, ne me fais pas languir ainsi », ou Morgengruss : « Bonjour, bonjour, jolie Meunière ») le sirop revient, sans pourtant compromettre l’ensemble. On peut cependant continuer, si l’on tient à entendre La Belle Meunière par un ténor (la voix de Schubert lui-même), à préférer Christoph Prégardien (avec Andreas Staier ou Michael Gees), plus sobre, plus impressionnant. Oserait-on dire plus allemand ?
François Lafon

La Belle Meunière
Mark Padmore (ténor), Paul Lewis (piano)
1 CD Harmonia Mundi HMU 907519
1 h 14 min

mis en ligne le mardi 28 septembre 2010

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