Jeudi 28 mars 2024
Un sens du non-dit
Avec Schumann l'insondable, Philippe Bianconi creuse son sillon singulier
Papillons - Carnaval - Davidsbündlertänze

Sage apparence, imaginaire fantasque : c’est ainsi qu’apparaît Philippe Bianconi dans le reportage photographique savamment décalé illustrant ce nouveau CD. Une bonne introduction à ce programme Schumann, où le kaléidoscope des Papillons annonce celui, plus mûr, du Carnaval, lequel trouve dans les Davidsbündlertänze un écho méditatif, triple jeu de miroirs brisés renvoyant à l’infini des éclats imprévisibles. Une sorte d’accomplissement aussi que ce triptyque, où l’on retrouve les qualités schubertiennes, chopiniennes et debussystes de l’artiste, mises au service de ce cette musique pure à l’inspiration littéraire (Schumann mettait à égalité le mot et la note). Toucher ferme, jeu au fond du clavier, refus du premier degré : d’Yves Nat à Jean-Efflam Bavouzet, Schumann a son école française d’interprétation et Philippe Bianconi en fait partie à sa manière, sans effet de manche, avec un sens du non-dit qui le place à part. Ce n’est probablement pas par hasard qu’à la différence de nombre de ses confrères, il omet, dans le Carnaval, les Sphinxes, trois groupes de notes donnant la clé - sentimentale - de l’œuvre.
François Lafon

Papillons, op. 2 – Carnaval, op. 9 – Davidsbündlertänze, op. 6
Philippe Bianconi (piano)
1 CD La Dolce Volta LDV 28
1 h 18 min

mis en ligne le lundi 29 août 2016

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