Samedi 20 avril 2024
Un étonnant Voyage d’hiver
Entre Franz Schubert et Werner Güra, la glace est brisée
 
Le même, pas pareil
Un classique Voyage d'hiver
par Dietrich Fischer-Dieskau
Die Winterreise

Certes, Schubert était ténor et a probablement composé ses cycles de lieder, surtout La Belle Meunière mais aussi Voyage d’hiver, avec cette voix en tête. Mais pour l’auditeur moderne, l’amoureux éconduit marchant vers la mort au milieu d’une nature aussi désolée que ses états d’âme se confond avec le timbre (très) sombre de Hans Hotter ou celui, évoquant plutôt la nostalgie de la jeunesse, de Dietrich Fischer-Dieskau. Récemment, les ténors ont repris la main, dominés par Ian Bostridge, hystérique mais salutairement dérangeant, et Christoph Prégardien, bouleversant à force de sobriété. Voici maintenant Werner Güra : voix lumineuse, style impeccable, articulation exemplaire. Un chanteur de studio idéal, comme en témoigne sa discographie chez Harmonia Mundi. Et pourtant, cette fois, il donne plus, beaucoup plus même. On pourrait presque dire qu’il tient tout naturellement le pari que Bostridge n’a soutenu qu’en surjouant. Son voyageur est cyclothymique, hyper-sensible, parfois étonnamment mûr, le plus souvent égaré entre raison et sentiment. Tout cela, il l’indique avant tout en musicien, respectant les nuances, éclairant le texte sans jamais le solliciter. Pour cela, il a trouvé, tel Prégardien avec Andreas Staier, le partenaire idéal en Christoph Berner, qui tire de son pianoforte Rönisch (1972) des accents cinglants comme la nature hostile et douloureux comme le bonheur perdu.
François Lafon

Die Winterreise
Werner Güra (ténor), Christoph Berner (pianoforte)
1 CD Harmonia Mundi HMC 902066 (2010)
1 h 13min

mis en ligne le jeudi 1 avril 2010

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