Vendredi 29 mars 2024
Sens du jeu
Un Purcell à l’os, pari réussi
Dido and Aeneas - Circe

Parce que Didon et Enée est un objet lyrique non identifié, créé dans un pensionnat de jeunes filles ou inclus dans un mask de plus grande envergure, il en est résulté deux options d’interprétation : la « grande », jadis et naguère illustrée au disque avec Kirsten Flagstad, Janet Baker ou Jessye Norman en reine malheureuse, et la « petite », privilégiée par l’école « historiquement informée » dans le sillage de l’enregistrement de William Christie avec Véronique Gens. Pour lancer son ensemble Les Argonautes, le jeune contre-ténor et chef Jonas Descotte, adoubé par le « Christien » Paul Agnew, va assez loin dans le dépouillement : voix jeunes et fraîches, petit effectif (deux violons, un alto, une viole de gambe, un violoncelle, un théorbe, un clavecin, une flûte à bec), chœur formé par les solistes réunis. Aucune sécheresse dans cette interprétation jouant sur les contrastes (couleurs et atmosphères, texte et musique) avivés par la brièveté de chaque section, mais au contraire un sens du jeu, une liberté rapprochant encore de nous cette course à l’abîme semblant destinée aux générations futures. En complément : Circe, fragments revus par Purcell d’un mask dont l’original (musique de John Banister) est perdu, comme un épilogue à la mort de Didon et une méditation sur le destin.
François Lafon

Dido and Aeneas - Circe
Camille Allérat (Didon), Renato Dolcini (Enée), Julie Roset (Belinda, 2ème Sorcière), Anthea Pichanick (La Sorcière), Léo Fernique (l’Esprit), Pierre Arpin (le Marin)
Les Argonautes
Direction musicale : Jonas Descotte
1 CD Aparté AP296
1 h 13 min

mis en ligne le mardi 29 novembre 2022

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