Vendredi 19 avril 2024
Sens de la fête
Gustavo Dudamel ne fait qu’une bouchée de la « Symphonie des Mille »
Symphony n° 8

Après l’effort (sept symphonies, et quelles !), le réconfort, à savoir cette 8ème gigantesque à laquelle les marketteurs avant la lettre ont donné le sous-titre de « Symphonie des Mille » (promesse rarement tenue). « Toutes les précédentes n’étaient que des préludes à celle-ci. Mes autres oeuvres étaient tragiques et subjectives, celle-ci n’est qu’une immense dispensatrice de joie », écrit Mahler. Pour lui peut-être : il fut acclamé à la création en 1910 à Munich, dernier de ses concerts en Europe. Ses successeurs ont souvent repoussé l’échéance, nombre des quelques soixante-dix versions discographiques existantes n’étant pas les points forts des intégrales qu’elles sont souvent censées couronner. Commençant en grande pompe mais n’oubliant pas l’intériorité, ni opéra (celui que Mahler n’a jamais composé?) ni oratorio (un alliage du Veni Creator et du Second Faust de Goethe), ni symphonie avec chœur et solistes mais tout cela à la fois, ou encore autre chose, comme un voyage sans retour au bout de plusieurs siècles de musique dont la 9ème Symphonie et Le Chant de la terre seront les ultimes étapes, voilà un terrain de jeu rêvé pour Gustavo Dudamel, lequel, au sein d’un parcours mahlérien inégal mais ascendant (voir ici) nous en livre un live (à 346) avec « son » Los Angeles Philharmonic, sept ans (2019) après sa version géante (1400 participants) filmée à Caracas (DVD DG). Son sens de la fête, ses penchants lyriques (il vient d’être nommé directeur musical de l’Opéra de Paris) sont ici intacts mais mieux maîtrisés, les solistes et choeurs sont meilleurs et l’ensemble se tient, ce qui n’arrive pas toujours, fût-ce avec les chefs mahlériens les plus aguerris. La prise de son, primordiale dans le cas d’un tel monument, ne compte pas pour rien dans cette impression. Mais attention : disponible ici en numérique et non en CD (début de la fin du « disque-objet » ?), l’enregistrement réserve la spatialisation immersive Dolby Atmos aux abonnés d’Apple Music. Le rendu du choeur, en particulier, en est modifié. 
François Lafon

Symphonie n° 8 "des Mille"
Tamara Wilson, Leah Crocetto, Erin Morley (sopranos), Mihoko Fujimura, Tamara Mumford (altos), Simon O'Neill (ténor), Ryan McKinny (baryton),  Morris Robinson (basse)
Los Angeles Master Chorale, Pacific Chorale, Los Angeles Children’s Chorus, National Children’s Chorus  Los Angeles Philharmonic Orchestra
Direction musicale : Gustavo Dudamel
Deutsche Grammophon - Digital - UPC 00028948609895
1 h 15 min

mis en ligne le jeudi 8 juillet 2021

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