Samedi 20 avril 2024
Quand le sens passe par les sens
L'austérité des psaumes de Le Jeune humanisée par Ludus Modalis
Dix Pseaumes de David

En 1564, alors que le Concile de Trente, qui vient de s’achever, lance la Contre-Réforme, Claude Le Jeune, protestant convaincu, publie à Paris ses Dix Pseaumes de David à quatre parties en forme de motets. Qu’il adopte ce genre musical avec des textes en français s’inscrit bien entendu dans la tradition luthérienne, mais il va encore plus loin : d’abord par son choix de psaumes qui louent Dieu après les épreuves difficiles, allusion aux Guerres de Religion, qui, à ce moment-là, subissent toutefois une brève accalmie, ensuite par sa manière de construire sa musique pour émouvoir l’auditeur selon les canons de l’Académie de poésie et de musique fondée par Baïf, enfin par sa polyphonie caractéristique de la musique de la Renaissance mais empreint déjà de quelques accents baroques. Même si Henri IV lui accorda la charge de compositeur du roi, Claude Le Jeune est infiniment moins connu que son contemporain Roland de Lassus, religion oblige, et cet album vient heureusement le mettre sur le devant de la scène. Les voix à la fois brillantes et profondes de Ludus Modalis rendent justice à ces suppliques et à ces louanges, en traduisant les convictions de Claude Le Jeune : le talent et la sensibilité des interprètes font de ce répertoire, qui pourrait s’avérer austère, des récits profondément humains dont le sens passe par les sens.
Gérard Pangon

Dix Pseaumes de David à quatre parties en forme de motets
Ludus Modalis
Direction musicale : Bruno Boterf
1 CD Ramée RAM 1005
1 h 15 min

mis en ligne le vendredi 15 avril 2011

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