Mardi 23 avril 2024
Per aspera ad astra
Igor Levit champion du Chostakovitch le plus abstrait
On DSCH

1950 : Deux ans après avoir été condamné par « formalisme » par le régime staliniste, Chostakovitch entreprend la plus « formaliste » de ses œuvres, ses 24 préludes et fugues inspirés par ceux du Clavier bien tempéré de Bach. Cette fuite dans un monde de pure abstraction sera son chef d’œuvre pour le piano, d’une hauteur si intimidante que peu de pianistes risquent d’attaquer tous ces sommets. Doté d’une capacité hors-pair pour mettre à nu les grands desseins, Igor Levit donne à chaque page le poids juste, le souffle nécessaire pour en faire de chacune le chapitre d’un grand récit, culminant dans une fugue finale comme étirée vers l’infini, chaque note plus tendue encore que la précédente. Il ajoute son nom à ceux de Tatiana Nikolayeva et Vladimir Ashkenazy au cercle très restreint des grands interprètes de ce cycle auquel le pianiste ose même ajouter un épilogue : la Pasacaille sur DSCH du compositeur Ecossais Arnold Stevenson (1928 – 2015) où l’anagramme musical de Chostakovitch devient un motif à la base d’une gigantesque passacaille de 85 minutes, triple fugue comprise, le tout sous l’influence plutôt de Liszt (y compris dans les longueurs) que de Chostakovitch lui-même (si ce n’est qu’en forme de clin d’œil) : un marathon qu’Igor Levit remporte haut la main, haletant et fascinant pour l’auditeur…  pourvu qu’on tienne son rythme.
Pablo Galonce

Dimitri Chostakovitch : -24 préludes et fugues op. 87 - Arnold Stevenson : Passacaglia on DSCH
Igor Levit (piano)
3 CD Sony Classical 19439809212
3 h 51 min

mis en ligne le lundi 11 octobre 2021

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