Jeudi 28 mars 2024
Miroir à deux faces
Le grand théâtre des Sonates de Scriabine par Vardhudi Yeritsyan
Scriabin Piano Sonatas

Au concert comme au disque, la pianiste franco-arménienne Vardhudi Yeritsyan joue les dix Sonates de Scriabine à la suite, comme un ensemble cohérent, impliquant une nécessaire dramaturgie. En 2013, dans la (défunte) série Convergences à l’Opéra Bastille, chacune des Sonates faisait écho à des textes de poètes (Akhmatova, Pasternak, Maïakovski, Andreiev) lus par des comédiens (Pascal Greggory, Olivier Py – voir ici). Pour cet enregistrement réalisé au théâtre du château de Compiègne, elle divise le corpus en deux actes : « Messe blanche » - « Messe Noire », du nom des 7ème et 9ème Sonates. Bien vu : même si, chronologiquement, c’est en composant sa 5ème Sonate (1907) que Scriabine abandonne la veine liszto-chopinienne de ses jeunes années pour se lancer dans une aventure mystico-musicale (« Je vous appelle à la vie, ô forces mystérieuses… ») faisant appel aux nouvelles techniques d’écriture, les deux faces - ombre et lumière - se reflètent d’un bout à l’autre de l’ensemble. Ainsi la 10ème et dernière Sonate (dite « des insectes » – « les baisers du soleil ») ouvre-t-elle la première partie, tandis que la monumentale 8èmeUn pont entre le visible et l’invisible ») sert de portique à la seconde. Le jeu de la pianiste est à l’avenant : là où les scriabiniens historiques (Vladimir Horowitz, Vladimir Sofronitzky) voient chaque pièce comme un monde en soi, Vardhudi Yeritsyan s’appuie sur sa technique transcendante pour animer un parcours de rythmes et de couleurs en forme de kaléidoscope infini.
François Lafon

Sonates pour piano n° 1 à 10
Vardhudi Yeritsyan (piano)
2 CD Paraty 915 136
2 h 09 min

mis en ligne le mardi 22 septembre 2015

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