Jeudi 28 mars 2024
Les malheurs d’Alfred
Le RIAS Kammerchor investit le contemporain Schnittke
Psaumes de la pénitence

Figure atypique de la fin du siècle dernier, Alfred Schnittke apparaît comme le fils spirituel de Mahler, Satie et Ives, avec un sens de la satire propre au destin des grands artistes russes. Avec ses Psaumes de pénitence (ou Psaumes du repentir), composés à l’occasion du « Millénaire de la christianisation de la Russie » (1988), le caractère à la fois viscéral et éruptif de son écriture s’est considérablement estompé au profit d’un style plus élégiaque, tourné vers une déclamation a capella sobre et archaïsante – même si plusieurs textes, repris d’une anthologie littéraire de la fin du XVIème siècle, reflètent une certaine amertume. Ce style dépouillé revisite plusieurs techniques vocales, du canon au cluster, en passant par celle du douzième et ultime chœur, à bouche fermé – le plus original de tous. Entre-temps, la voix interpelle (IV) implore (VI), questionne (VII), susurre (VIII) et psalmodie avec éclat – superbes II et IX. C’est, sauf erreur, la quatrième version discographique de cette œuvre d’une sagesse religieuse. Avec ce détail que le chef Hans-Christoph Rademann dirige d’après la version originale du manuscrit, peu différente de la version éditée, et qu’il se hisse sans peine au niveau de celle, très aboutie, de l’Estonien Tonu Kaljuste (ECM), par la précision et le fini de ses voix. Le petit plus étant peut-être le complément : les trois brefs Hymnes sacrés, de 1983.
Franck Mallet

Schnittke : Psaumes de la pénitence ; Trois Hymnes sacrés
RIAS Kammerchor
Direction musicale : Hans-Christoph Rademann
1 CD Harmonia Mundi HMC 902225
55 min

mis en ligne le mardi 19 avril 2016

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