Samedi 20 avril 2024
L’alpha et l’oméga de l’éloquence
Tassis Christoyannis ressuscite Gounod en mélodiste polyglotte
Mélodies
Dans l’ombre de Faust et de Roméo et Juliette ont longtemps dormi les œuvres religieuses, symphoniques et chambristes de Gounod, mais non moins profondément les mélodies, hormis quelques-unes (souvent les mêmes), réveillées au hasard d’un récital. Quelle production pourtant que celle, selon Ravel, du « véritable instaurateur de la mélodie en France » : plus de cent cinquante pièces, dont un tiers en anglais, et quelques-unes en italien, espagnol et allemand, classées en six recueils (de A à F). Dans son remarquable texte de présentation de ce nouvel opus de la collection « Mélodie française » parrainée par le Palazzetto Bru Zane, Gérard Condé va d’emblée au cœur du sujet : « Gounod excelle à trouver le mouvement mélodique qui colle aux inflexions de la prononciation, au rythme du débit expressif de la parole, établit les respirations qui sont l’alpha et l’oméga de l’éloquence ». Le choix de ses auteurs est d’ailleurs parlant : Théophile Gautier, Alfred de Musset, Victor Hugo, Lord Byron, Percy Bysshe Shelley. Prenez la Chanson du pêcheur de Gautier, que Gounod met en musique en 1841 et en partie en 1872, alors que Gautier va mourir, et comparez ces deux versions avec celle qu’en donne Berlioz dans Les Nuits d’été (« Sur les lagunes ») : le premier en trouve par deux fois le rythme naturel, alors que le second plie le texte à son génie expressif. Cela est d’autant plus évident que Tassis Christoyannis, en osmose avec le fidèle Jeff Cohen au piano, trouve comme pour Lalo, Saint-Saëns, Félicien David, Benjamin Godard et Fernand de la Tombelle (ses précédents albums) la clé des vingt-quatre mélodies qu’il a choisies dans son talent à équilibrer sensibilité d’époque et expression moderne. Tout aussi étonnante sa façon de mettre en valeur l’éclectisme et le don de mimétisme de Gounod lorsqu’il compose sur un texte italien (Quanti mai de Métastase) ou anglais (superbe Good Night de Shelley).
François Lafon
Ma Belle Amie est morte – Prière – Medjé – Le Souvenir – Ce que je suis sans toi – La Chanson du pêcheur – Heureu sera le jour – Tombes, mes ailes ! – Je ne puis espérer – O ma belle rebelle – Primavera – Quanti mai ! – Venise – Si vous n’ouvrez votre fenêtre – Sérénade – Où-voulez-vous aller ? – Aubade – Le Banc de pierre – Au printemps – A une jeune grecque – Maid of Athens – Good Night – Sweet baby, sleep - Départ
Tassis Christoyannis (baryton), Jeff Cohen (piano)
1 CD Aparté AP181
1 h 21 min
mis en ligne le jeudi 21 juin 2018
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De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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