Jeudi 28 mars 2024
Itinéraire d'un promeneur solitaire
Matthias Goerne en voyage sur la planète Schubert
Heliopolis

Quatrième volume du cycle de Lieder de Schubert par Matthias Goerne, et pas plus de concessions que dans les précédents. Cette fois, ce sont la Grèce, les dieux, les mythes qui sont en question. Héliopolis (titre de l’album), A la lyre, Fragment d’Eschyle, Atys, Le Roi de Thulé, Oreste absous, des pièces magnifiques, peu connues, entrecoupées de quelques lieder emblématiques du Schubert "cosmique" : Meeresstille, Le Pâtre, Adieu. Avec le pianiste et chef Ingo Metzmacher (il aime décidément les accompagnateurs, comme celui-ci ou Christoph Eschenbach, qui ont plus d’une corde à leur clavier), Goerne poursuit sa quête égoïste, on n’oserait dire autiste. Sa voix est plus sombre que jamais, d’intention plutôt que de timbre, car il sait comme personne l’alléger, la rendre presque enfantine, et son expression dénuée de toute tentation descriptive, ou sentimentale. Pour un peu, on dirait que ce « Schubert Project » chez Harmonia Mundi lui sert à décanter un art qui lâche les amarres, qui s’éloigne sans retour de la tradition instaurée par Dietrich Fischer-Dieskau, dont tous les chanteurs de lieder actuels, surtout les barytons, sont peu ou prou les enfants. A la différence de la plupart des récitals, celui-ci gagne à être écouté d’un trait, dût-il en coûter un effort d’attention et de persévérance. On en est récompensé au centuple.
François Lafon

Heliopolis, 19 Lieder
Matthias Goerne (baryton), Ingo Metzmacher (piano)
1 CD Harmonia Mundi Goerne Schubert Edition, vol. 4

mis en ligne le mardi 12 janvier 2010

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