Vendredi 29 mars 2024
Fin de partie
Maurizio Pollini dans les Sonates de Beethoven, dernier volume
Sonates op. 31 et 49

Presque quarante années entre le premier volume et le dernier, qui sort aujourd’hui. En commençant par la fin (Sonates 28-32 – 1975-1977) le jeune Maurizio Pollini frappe fort : un Beethoven dégraissé, déromantisé, « boulézien » (à l’époque un reproche) peut-on même lire. En tout cas un événement. En 1988, quand il reprend la série, le « style Pollini » est passé dans les mœurs. On trouvera même, lorsqu’il se met aux premières Sonates en 2006, qu’il est devenu trop classique, voire prévisible. Avec les op. 31 (la célèbre n° 2 en sol mineur a déjà été enregistrée en 1988) et 49, il rive le clou : toucher de rêve, rebond continu, sens et puissance du discours, nature apollinienne mais aussi, quand il le faut, dionysiaque. Aucune solution de continuité entre les « grandes » Sonates et les « petites » (les deux de l’op. 49), au contraire une fluidité qui n’empêche ni la profondeur, ni la liberté : en public comme ici en studio (seules deux Sonates, dont la « Waldstein », ont été captées en public en 1997), l’artiste jongle avec ces œuvres qu’il connait si bien, au risque d’y laisser quelques imperfections, comme pour affirmer que cela n’a pas d’importance, que le but à atteindre est bien au-delà. Ecoutez le Menuet bien connu de la Sonate op. 49 n° 2, qui termine le programme : comme son confrère Alfred Berndel dans la rebattue « Lettre à Elise », Maurizio Pollini y atteint une sorte de grâce.
François Lafon

Sonates pour piano op. 31, n° 1, 2 3 et op. 49 n° 1 et 2
Maurizio Pollini (piano)
1 CD Deutsche Grammophon 479 4325
1 h 21 min

mis en ligne le lundi 19 janvier 2015

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