Mercredi 24 avril 2024
Festival Berlioz 2
Benvenuto Cellini, opéra 100 000 volts
Benvenuto Cellini

Contribution désormais annuelle, au Festival Berlioz, de John Eliot Gardiner : Benvenuto Cellini. Une superproduction, fût-ce en version semistaged, avec costumes, éclairages et déplacements. Personnage principal : l’orchestre (Révolutionnaire et Romantique), mobile, petite et grande harmonie en mouvement, cordes debout pour une ouverture sur les chapeaux de roues. Comme naissant de cet organisme vivant, les personnages contribuent à la fête (mise en scène indiquée « chorégraphie » de Noa Naamat), une des fêtes les plus iconoclastes de l’histoire du genre, grand opéra par ses dimensions et opéra-comique – voire bouffe – par son traitement, apologie d’un mauvais sujet qui se trouve être un artiste de génie (jumeau du compositeur bien sûr), lui-même entravé par le pouvoir, les pères et la petitesse humaine - respectivement  le pape, le père de sa dulcinée et son rival Fieramosca, tous trois ridicules de comédie. Une course folle, dramatiquement périlleuse et musicalement truffée d’embûches, qui a pris à rebrousse-poil les contemporains de Berlioz, lesquels ont rejeté en bloc ce génial pied de nez aux sacro-saints principes du théâtre lyrique. Bien mieux que dans nombre de productions tentées par l’esthétisme et/ou l’agitation, on sent tout cela dans cette épure. Au centre du jeu : Michael Spyres, voix inépuisable et diction parfaite, plus que jamais successeur de Nicolai Gedda, héros alla Musset à la fin transfiguré par sa mission artistique, dignement entouré par une troupe sans faille - Sophie Burgos (la fiancée), Lionel Lhote (le rival), Adèle Charvet (l’ami) - et bien-sûr par le Monteverdi Choir, tous galvanisés par un Gardiner ne perdant jamais le rythme ni l’humeur requis. Une soirée à haut voltage préparée plus tôt à l’église de La Côte-Saint-André par le Quatuor Aeolina (nom premier de l’accordéon), formidable association de virtuoses du piano à bretelles se lançant dans une extraordinaire transcription (due à l’un d’entre eux, Thibaut Trosset) de la Symphonie Fantastique, précédée d’Où danse le vent, une pièce pleine d’humour pour accordéons et claquettes de Jean-Pierre Drouet. Standing ovation pour les deux spectacles. 
François Lafon

Festival Berlioz, La Côte-Saint-André, 29 août (Photo © DR)
Tournée : Londres (Proms), Berlin, Versailles (8 septembre, Opéra Royal)  

Benvenuto Cellini
Michael Spyres (Cellini), Sophie Burgos (Teresa), Lionel Lhote (Fieramosca), Maurizio Muraro (Balducci), Adèle Charvet (Ascanio), Tarek Nazmi (le PApe),
Monteverdi Choir - Orchestre Révolutionnaire et Romantique
Direction musicale : John Eliot Gardiner

mis en ligne le vendredi 30 août 2019

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