Jeudi 25 avril 2024
Festival Berlioz 1
Roméo et Juliette, à la russe
Roméo et Juliette
Festival Berlioz à La Côte-Saint-André : « Le roi Hector », 150ème anniversaire de la mort du grand homme. Montée en puissance avec Roméo et Juliette par Valery Gergiev et le Mariinski de Saint-Pétersbourg, orchestre, choeurs et solistes. Berlioz à la russe ? Si l’on veut. Un équivalent musical du Guerre et Paix de Sergei Bondartchouk (1966, quatre époques, l’Armée Rouge mobilisée). Et comme dans le film, de magnifiques échappées sur le ciel, les arbres, la vie. Il y a de ça dans la « symphonie dramatique » de Berlioz, essai fou et transformé – peut-être son chef-d’œuvre – de renverser les codes de l’opéra en confiant l’action à l’orchestre et les commentaires aux chanteurs. De plain-pied avec ses musiciens (pas de podium), entretenant la fièvre par la chorégraphie gestuelle qui n’est qu’à lui, Gergiev ose tout, et tous le suivent : lyrisme, contrastes, dynamique, tempos démultipliés. Quelques défauts de justesse dans l’orchestre : péchés véniels en regard de la splendeur des cordes, de l’éclat des cuivres, de l’équilibre des chœurs (les basses !), de la voix somptueuse de la mezzo Yuliya Matochkina, rappelant Olga Borodina, star de la première « génération Gergiev ». Déclamant à la fin la morale de l’histoire, la basse Mihhail Petrenko (Frère Laurent) - le seul pourtant dont le français soit compréhensible – souligne les dangers de l’hypertrophie. Qu’à cela ne tienne : longue ovation debout d’un public heureux d’avoir vécu une si belle « Scène d’amour » (acte 2). En contraste : prélude très français en matinée à l’église de La Côte-Saint-André, où la mezzo Albane Carrère - belle voix, grande allure – rend hommage à la mélodie dont Berlioz fut un instigateur, avec le polyvalent Karol Beffa au piano, lequel improvise en interludes sur des thèmes donnés par le public, certains farceurs (Isolde + Mélisande), d’autres ardus (la Passacaille en do mineur de Bach). Audience ravie quand le duo bisse A Chloris, mélodie à la manière baroque, de Reynaldo Hahn.
François Lafon
Festival Berlioz, La Côte-Saint-André, 28 août (Photo © DR)
Roméo et Juliette
Yuliya Matochkina (mezzo-soprano), Alexander Mikhailov (ténor), Mikhail Petrenko (basse)
Choeurs et Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg
Direction musicale : Valery Gergiev
mis en ligne le jeudi 29 août 2019
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De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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