Mercredi 24 avril 2024
De l'art du lamento
Anna Prohaska et Bernarda Fink en empathie avec les Pièta
Stabat Mater
Si Pergolèse n’était pas mort à vingt-six ans juste après l’avoir terminé, son Stabat Mater serait-il devenu le mythe qu’il est aujourd’hui ? Oui, sans doute : dès sa création, celui-ci connaît un immense succès, même s’il comporte, à côté de moments sublimes, quelques passages plus ordinaires dénués de la compassion qui fait sa force par ailleurs. L’art des interprètes est de trouver un juste équilibre, d’éviter l’excès de sentimentalisme mais d’ajouter un petit supplément d’émotion au bon moment. Anna Prohaska possède une belle voix claire (trop parfois ?) et Bernarda Fink un timbre magnifiquement tragique qui s’accordent parfaitement à l’atmosphère en demi-teinte créée par l’orchestre. La grande intelligence de cet enregistrement est, en effet, de commencer par une Sinfonia de Vivaldi où l’Akademie für Alte Musik Berlin trouve des accents douloureux et sensibles qui installent la tension dramatique : les cordes sonnent comme si elles allaient chercher la note au plus profond d’elles-mêmes sans donner l’impression d’effort mais juste celle d’une immense plainte, à l’égal de ce que l’on ressent à travers les Pièta du siècle de Pergolèse. Quant au Concerto de Locatelli, comme son titre l’indique (Il Pianto d’Arianna – Les Pleurs d’Ariane), il procède du même esprit : c’est un émouvant lamento, remarquablement interprété lui aussi. Le génie allemand a du bon pour ajouter de la gravité à la musique italienne.
Gérard Pangon
Vivaldi : Sinfonia RV169 (Al Santo Sepolcro) - Locatelli Concerto a 4 (Il Pianto d'Ariana) - Pergolèse : Salva Regina a due voci ; Stabat Mater
Anna Prohaska (soprano), Bernarda Fink (alto)
Akademie für Alte Musik Berlin
1 CD Harmonia Mundi HMC 902 072
1 h
mis en ligne le lundi 20 décembre 2010
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deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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