Vendredi 26 avril 2024
Contrastes, couleurs et articulations
Nevermind joue Bach, le fils, en toute vivacité
Carl Philipp Emanuel Bach - Nevermind

En 1788, l’année de sa mort, Carl Philipp Emanuel Bach compose à Hambourg trois quatuors pour clavier obligé, flûte et alto (et basse ?) résultant d’une commande de Sarah Levy, tante de Mendelssohn, dont les salons berlinois sont fréquentés par un altiste de haut niveau. Ces ultimes chefs-d’œuvre apparaissent très proches du « classicisme viennois », non par leur instrumentation ni par leur structure interne, mais par leurs vifs contrastes de couleur, d’articulation. Respectivement en la mineur, ré majeur (la couverture et la pochette du CD indiquent ré mineur) et sol majeur, ils ont tous un premier mouvement modéré, un mouvement lent très expressif et un finale rapide, celui en sol (Presto) a une allure de mouvement perpétuel en doubles croches agiles où les instruments - dans l’ordre alto-flûte-clavier - font leur entrée en imitation. La discographie de ces quatuors est nombreuse et de haut niveau, avec un clavecin ou un pianoforte, et on a là une nouvelle belle prestation. En début et en fin de programme, une transcription pour flûte, alto, viole de gambe et basse de mouvements lents de sonates pour clavecin seul, la Prussienne n°6 (1742) et une restée inédite du vivant du compositeur, l’une et l’autre de ses années berlinoises : pages chargées de passion, d’une « sensibilité exacerbée », surtout la seconde (Andante con tenerezza). Mais pourquoi s’extasier de ce qu’elle fut composée « avant même la naissance de Mozart », ce qui  ne signifie rien ? En fait, elle date au plus tôt de 1758  (le Salzbourgeois avait deux ans), mais peu importe. L’auteur du texte de présentation écrit que cet enregistrement fut une « opportunité » unique d’explorer la musique de la fin du XVIIIème siècle. Peut-être, mais il a raté l’occasion de ne pas s’exprimer en un franglais indélébile.
Marc Vignal
 

Carl Philipp Emanuel Bach : Les trois quatuors Wq.93-95 ; Adagio Wq.48/6 ; Andante con tenerezza Wq.65/32
Nevermind : Anne Besson (flûte), Louis Creach (alto), Robin Pharo (viole de gambe), Jean Rondeau (clavecin)
1 CD Alpha-Classics Alpha 579 (Outhere)
58 min

mis en ligne le mercredi 29 septembre 2021

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