Vendredi 3 mai 2024
Consolation lisztienne
Saskia Giorgini retrouve l’âme torturée de son cher Liszt
Consolations

Partenaire attentionnée de deux récents enregistrements de Ian Bostridge – l’un consacré à Respighi, l’autre avec une troisième version de La Belle Meunière de Schubert : peut-être la plus aboutie du ténor britannique – Saskia Giorgini retrouve son cher Liszt, dont elle avait gravé une version mémorable des Harmonies poétiques et religieuses (voir ici : [https://www.musikzen.fr/intimite-lisztienne/6847]). Avec les six Consolations de 1850, guidées par le recueil poétique publié vingt ans plus tôt par Sainte-Beuve, la pianiste renoue avec le Liszt mystique des Harmonies, entre interrogation schumanienne – la 1ère –, nocturne chopinien – les ondulations capricieuses de la 3ème –, rêverie extatique – la 4ème – et arabesque capricieuse : la 6ème. Toujours sur Bösendorfer [https://www.saskiagiorgini.com], elle partage l’intimité de ces pièces, usant d’une dynamique et d’un toucher subtils. Encore plus rares au disque, les trois Caprices-Valses, dont la dernière sur des motifs de Lucia di Lammermoor et Parisina de Donizetti, vagabondent au gré d’une inspiration toujours renouvelée, tandis que les trois Rêves d’amour, ici pour piano seul, vibrent à l’unisson de leurs versions chantées : un art poétique à la fois détaché et aérien qui s’emporte et ruisselle sous les doigts de l’interprète. Un album à la durée plus que généreuse – une heure et vingt-trois minutes ! – qui se clôt sur les Deux Légendes, fabuleux diptyque symphonique pour clavier dont Liszt a le secret, entre le miroitement grandiose de Saint François d’Assise, la prédication aux oiseaux porté par un piano à la fois ample et luxuriant, et la déflagration enfiévrée de Saint François de Paule marchant sur les flots. À n’en pas douter, Saskia Giorgini capte l’âme torturée du grand Liszt… Jusqu’où ira-t-elle ?   
        
Franck Mallet

• Liszt en concert les 22/09 (Turin, MiTo Festival), 23/10 (Châteauroux, Lisztomanias), 29/10 (Cracovie, Théâtre Juliusz Słowacki) et 8/12 (Gant, Die Bijloke).

Liszt : 6 Consolations, S.172 ; 3 Caprices-Valses, S.214 ; Valse Impromptu S.213 ; Liebesträume, S.541 ; 2 Légenses, S.175
Saskia Giorgini (piano)
1 CD Pentatone PTC 5187 045 (distribution Outhere)
1 h 23 min.

mis en ligne le vendredi 1 septembre 2023

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