Jeudi 28 mars 2024
Comme à la grande époque
Pharaonique et très classe, une Aida menée par Jonas Kaufmann
 
Le même, pas pareil
Leontyne Price,
feu et miel
Aïda

Opéra à grand spectacle avec des scènes intimistes ou opéra intimiste avec des scènes à grand spectacle ? « Les deux », répond Antonio Pappano, tout à fait à son affaire dans l’ouvrage (longtemps) le plus joué de Verdi, que Warner lui offre sur un plateau d’agent : enregistrement de studio (on n’en fait plus guère, question de coût) avec l’Orchestre de l’Académie Sainte Cécile de Rome dont il est le directeur musical, distribution de grand luxe venant infirmer l’idée qu’il n’y a plus personne pour chanter ce répertoire à un tel niveau. Pas d’Italiens, sauf pour quelques petits rôles, dans cette distribution menée par Anja Harteros et Jonas Kaufmann ? Certes, mais ni Leontyne Price, ni Jon Vickers, interprètes de l’illustre version Solti ne l’étaient. On pourra trouver Ekaterina Semenchuk un peu bourgeoise en Amneris (alors que Grace Bumbry, Rita Gorr…), Erwin Schrott pas assez terrifiant en grand-prêtre Ramfis (là où Boris Christoff, Nicolaï Ghiaurov…) : inévitable concurrence… Les nostalgiques de Renata Tebaldi seront étonnés aussi par l’Aïda plus pugnace que touchante d’Harteros, laquelle a longtemps hésité à se lancer dans ce rôle à voix plus qu’à tempérament. Son 3ème acte (dit « du Nil ») est moins planant que d’habitude, son duo avec Ludovic Tézier (un Amonasro très classe, dans la lignée « Opéra de Paris » naguère illustrée par Ernest Blanc), moins conventionnel. Quand à Kaufmann, véritable locomotive de l’entreprise, il fait de Radamès un héros cornélien, héroïque quand il le faut, élégant toujours (ah, ce si bémol double piano diminuendo terminant son air d’entrée !), et murmurant le duo final comme il le faisait, déjà avec Harteros et Pappano, dans … Don Carlo à Salzbourg (DVD Sony). Prise de son à la hauteur des grands écarts sonores savamment ménagés par le chef.
François Lafon 

Aïda
Anja Harteros (Aida), Jonas Kaufmann (Radamès), Ekaterina Semenchuk (Amneris), Ludovic Tézier (Amonasro), Erwin Schrott (Ramfis), Marco Spotti (le Roi), Paolo Fanale (le Messager), Eleonora Buratto (la Prêtresse)
Orchestra e Coro dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Roma
Direction musicale : Antonio Pappano
3 CD Warner Classics 08256461066339
2 h 25 min

mis en ligne le dimanche 18 octobre 2015

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