Jeudi 18 avril 2024
Haendel sans calcium
La bouillante Sonya Yoncheva curieusement absente à elle-même
Sonya Yoncheva - Handel

Fulgurante ascension que celle de la Bulgare Sonya Yoncheva, devenue en quelques saisons la coqueluche du Met de New York et autres grands théâtres, voire la rivale de la diva Anna Netrebko dans le répertoire slave et italien. De ses années de formation au Jardin des voix de William Christie, elle a conservé le goût du baroque, comme un exercice de style et d’hygiène vocale, ainsi qu’en attestent ses récents enregistrements consacrés à Pergolèse (voir ici) et maintenant Haendel. Déroutant album tout de même que celui-ci. Phrasés prudents, expression minimale, vocalises scolaires : est-ce bien la bombe lyrique du moment qui égrenne – d’une voix certes remarquablement allégée (quelle technique !) – une dizaine de tubes haendeliens pourtant propices à tous les embrasements ? La bouleversante mort de Didon elle-même, tirée de l’opéra de Purcell étrangement échoué dans ce récital de studio comme un bis de concert, la trouve sans émotion, presque sans expression. Il n’y a guère qu’en duo avec sa consoeur Karine Deshayes, dans de superbes extraits de Rodelinda et Theodora, qu’on la retrouve (un peu) telle qu’en elle-même. Il est vrai qu’Alessandro De Marchi et l’Academia Montis Regalis, que l’on a connus eux aussi plus concernés, ne l’incitent pas vraiment à sortir d’elle-même.
François Lafon

Airs et duos extraits de Giulio Cesare in Egitto, Alcina, Theodora, Rodelinda, Agrippina, Rinaldo – Purcell : scène finale de Dido and Aeneas
Sonya Yoncheva (soprano), Karine Deshayes (mezzo-soprano)
Academia Montis Regalis
Direction musicale : Alessandro De Marchi
1 CD Sony 88955302932
1 h 09 min

mis en ligne le samedi 11 février 2017

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