Mardi 9 décembre 2025
De longues Années de Pèlerinage
Louis Lortie reste au bord des abîmes lisztéens
 
Le même, pas pareil
Nicholas Angelich au plus profond des abîmes lisztéens
Années de Pèlerinage

« Ayant parcouru en ces temps bien des pays nouveaux, j’ai essayé de rendre en musique quelques-unes de mes sensations les plus fortes », disait Liszt de ces trois Années de Pèlerinage, éditées en 1883 mais commencées dès 1836. C’est bien là le problème : ces vingt-six pièces (deux heures trois-quarts de musique) charrient à elles-seules tout le romantisme. Schiller, Dante, Byron, Pétrarque, Sénancour sont convoqués, mais aussi des chants populaires, des thèmes religieux, des états d’âme liés à l’atmosphère des lieux, des impressions de voyage. Les pianistes y ont puisé des morceaux de bravoure (La Vallée d’Obermann, Après une lecture du Dante, Les Jeux d’eau de la Villa d’Este), mais bien peu se sont risqué à enregistrer l’intégrale. Succédant à Lazar Berman (surévalué) et Aldo Ciccolini (par deux fois : poète, mais par moments sans éclat), Nicholas Angelich en a donné une version sombre, tourmentée, grandiose. Avec le Québécois Louis Lortie, qui s’était essayé il y a vingt ans à la première Année, on a l’antidote d’Angelich. Sur un Fazioli cristallin, il brosse des paysages variés, fait montre d’un toucher sensible et d’une musicalité sans défaut, mais ignore tout arrière-plan. Parfois la séduction opère, mais jamais très longtemps, ce qui rend plus longs encore les longs développements lisztéens.
François Lafon 

Années de Pèlerinage
Louis Lortie (piano)
2 CD Chandos Chan 10 662 (2)
2 h 40 min

mis en ligne le dimanche 31 juillet 2011

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