Vendredi 26 avril 2024
Pharo sort Dollé du tiroir
Chant du cygne de la viole de gambe française
L\'Anonyme Parisien

Sainte Colombe, Marin Marais, Tobias Hume : la vie de beaucoup de compositeurs pour la viole est nimbée de mystères. Celle de Charles Dollé, actif de 1735 à 1755, plus encore. Pas de position officielle connue, pédagogue apprécié peut-être, ce cadet de l’école française, qui a vécu les dernières années de résistance de la viole face à la montée du violon, n’existe que par sa musique. Il allie à lui seul le génie de ses prédécesseurs, François Couperin compris, et un style singulier, et troublant. Ses partitions mêlent la poésie de Marin Marais, à qui il a dédié un Tombeau, la virtuosité de Forqueray, le goût italien de Couperin, un sens du rythme, celui de la danse, qui n’appartient qu’à lui. Robin Pharo interprète avec délicatesse trois Suites pour viole de gambe avec la basse continue, et nous mène de pages intimes, voire austères dans lesquelles la viole excelle, à des passages plus rocailleux dans lesquels on ne l’entend pas souvent, et comble ainsi un vide discographique quasi-total. La prise de son, en outre, fait honneur à la richesse des basses continues, jouées avec verve. Un beau chant du cygne pour la viole de ce milieu du XVIIIème siècle, qui méritait de sortir des archives du CNSM.
Albéric Lagier

Charles Dollé, Pièces pour viole de gambe (1737)
Robin Pharo (viole de gambe), Ronald Martin Alonso (viole), Thibaut Roussel (théorbe et guitare baroque), Loris Barrucand (orgue) et Ronan Khalil (clavecin)
1 CD Paraty 416145
1 h 10 min

mis en ligne le jeudi 20 octobre 2016

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