Dimanche 5 mai 2024
Maître chanteur
Schubert lumineux et grandiose grâce au piano de Jean-Marc Luisada
Schubert Jean-Marc Luisada

Voilà un Schubert qui ne devrait pas passer inaperçu, tant son interprète, Jean-Marc Luisada, y imprime sa griffe. Plus encore qu’un jeu délié et souverain auquel il a habitué son auditoire, en particulier dans Chopin (voir ici), c’est sa vision même du compositeur qui fascine. Loin du fatum romantique où trop de pianistes l’étouffent, son jeu en exalte le souffle et la puissance – grandiose Moderato de la Sonate D.840 « Reliquie » ! –, tout aussi bien que le doute et la spiritualité la plus profonde, comme ces danses à demi esquissées, heurtées et suffocantes, traversées de silences inquiets de l’Andante de la Reliquie. Combien de sonates en Si bémol majeur D.960 plombées avons-nous entendues, comparées à cette version si lumineuse ? Luisada, lui, joue du contraste mais ne s’attarde pas pour autant en chemin : il dirige son piano à la manière d’un orchestre qui respire ; de la fougue qui emporte d’un bloc la vingtaine de minutes du 1er mouvement. Solitude extrême commuée en une béatitude qui annonce Bruckner avec un 2ème mouvement Andante aux accents bien marqués, puis le sourire angélique de la valse du Scherzo et c’est le final Allegro ma non troppo, lié avec autant de fermeté que le 1er mouvement. L’interprète jubile dans Schubert : il en révèle l’infinie grandeur grâce à un piano somptueux indissociable d’une maîtrise absolue du chant.     
Franck Mallet
• Schubert, Gershwin et Mahler le 15 novembre à Paris (Salle Gaveau)
• Schubert, Bach, Chopin et Schubert le 1er décembre à Lyon (Salle Molière)

Schubert : Sonates D.840 "Reliquie" et D.960
Jean-Marc Luisada (piano)
1 CD La Dolce Volta LDV 93
1 h 13 min

mis en ligne le mardi 9 novembre 2021

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