Jeudi 2 mai 2024
Inguérissable mélancolie
Sonates sensibles d'un Moscovite jadis en vue
Miaskovsky - Lydia Jardon

Célèbre pour avoir laissé 27 symphonies (un record dans les deux derniers siècles), Nikolai Miaskovsky (1881-1950) est élève de Rimski-Korsakov au conservatoire de Saint-Pétersbourg, après s’être destiné à une carrière d’ingénieur militaire et avoir commencé à composer dès l’âge de quinze ans. Devenu enseignant au conservatoire de Moscou, il a comme élèves Kabalevski et Katchatourian. Il est pendant trente ans une des personnalités les plus importantes de la vie musicale moscovite, mais n’est pas épargné par la purge « antiformaliste » de 1948. Auteur de treize quatuors à cordes et de neuf sonates pour piano, il part dans sa nombreuse production pianistique de Chopin et de Tchaikovski pour former un langage personnel déterminé par une sensibilité maladive et une inguérissable mélancolie. Ses neuf sonates se divisent en trois groupes de trois : les n°1, 5 et 6 (1907-1909) datent de ses années de formation mais attendront longtemps leur publication, les n°2 (1912), 3 (1920) et 4 (1924), déjà enregistrées par Lydia Jardon, reflètent une période progressiste, les n°7, 8 et 9 (1949), une trilogie de dimensions réduites, ont été définies comme renonçant à la complexité comme à la noirceur. La n°1 évoque parfois Scriabine, la n°5 va d’une atmosphère pastorale à un finale impétueux, la n°9 débute dans le pensif et le mélodieux pour se poursuivre dans le sérieux et se conclure avec un « élan irrésistible ». Conçues non pour les amateurs, non pour les virtuoses, ces pages n’ont rien d’inoubliable mais n‘en méritent pas moins leur place au soleil.
Marc Vignal

Nikolai Miaskovsky : Sonates n°1, 5 et 9
Lydia Jardon (piano)
1 CD AR RE-SE Classic AR20197
1 h 11 min

mis en ligne le jeudi 14 mai 2020

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