Jeudi 2 mai 2024
De guerre lasse
Tugan Sokhiev fait briller Toulouse dans la 8ème de Chostakovitch
Symphony no. 8

En un peu plus de dix ans, Tugan Sokhiev aura fait de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse la plus slave des formations hexagonales, sans pour autant trahir une identité sonore très liée à la musique française. Pour preuve ce disque (capté sur le vif ?) avec la plus difficile des symphonies de Chostakovitch au programme. Écrite en pleine Deuxième Guerre Mondiale, la Huitième est de celles qui demandent de la vue à long terme et une capacité à tenir sur la distance, ne serait-ce que dans son gigantesque premier mouvement : étiré pour devenir plus fantomatique que jamais, Tugan Sokhiev y retient presque le souffle de l’orchestre, quitte à gommer un peu l’impact du climax, moins étouffant que l’on aurait aimé mais suivi d’un superbe solo du cor anglais qui devient du coup le véritable centre émotionnel du morceau. Après ce premier acte qui passe un peu à côté du tragique de l’œuvre, les quatre mouvements suivants oscillent entre brio et introspection mais toujours avec un orchestre étincelant : si dans l’Allegretto brillent encore les bois (course folle du piccolo), les cordes et la trompette sont en beauté dans la tocatta. Des qualités qui ne peuvent pas hisser cette interprétation au niveau de celle d’un Bernard Haitink (Decca), éclaireur inspiré des noirceurs profondes de cette œuvre. 
Gérard Pangon

Symphonie n° 8 en ut mineur op. 65
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Direction musicale : Tugan Sokhiev
1 CD Warner Classics 01902952284367
1 h 06 min

mis en ligne le vendredi 10 avril 2020

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