Tout au long du XIXème siècle, la romance de salon s’est volontiers parée des charmes et des sortilèges espagnols, et ce goût de l’exotisme, prétexte à virtuosité et sensualité, s’est largement poursuivi au XXème. En liaison avec l’actuelle production de Carmen, l’atelier lyrique de l’Opéra de Paris a organisé un concert-auditions de mélodies françaises et espagnoles pour permettre à de jeunes chanteurs et à des pianistes-chefs de chant en début de carrière de se faire mieux connaître et de rassembler les meilleurs atouts pour réussir dans la vie professionnelle. Quinze chanteurs ont ainsi interprété des pages d’autant de compositeurs : de Bizet (très à l’honneur) à Rodrigo et Monpou en passant par Saint-Saëns, Berlioz et autres Massenet. Sans vouloir distribuer des bons points en chant ou en prononciation, on se souvient de l’étonnante Havanaise de Pauline Viardot, des Filles de Cadix de Léo Delibes et d’El-Deschidado de Saint-Saëns, pour ne citer que des raretés, mais aussi des célèbres Siete canciones populares (Sept chansons populaires espagnoles) de Falla, ce qui n’était pas couru d’avance, et de l’inénarrable Châteaux en Espagne (pour ténor et baryton) de Gounod. De très bons moments pour qui n’a pas tellement l’habitude d’assister à des manifestations de ce genre.
Marc Vignal
Amphithéâtre Bastille, 23 novembre 2012