Une reprise pour l’ouverture de la saison de l’Opéra de Paris. Une reprise, vraiment ? En 1994, le metteur en scène André Engel monte Salomé de Strauss. Honnête succès, deuxième série de représentations en 1996, puis plus rien. En 2003, nouvelle production, avec Karita Mattila, dans une mise en scène de Lev Dodine. Déception : on cherche l’illustre animateur du Théâtre Maly de St Pétersbourg dans ce vilain péplum à dominante jaune (la lune ?). Surprise : c’est la version Engel qui revient aujourd’hui. On y gagne. Sans être du grand Engel (Lady Macbeth de Mzensk, Cardillac, Louise), cette Salomé enfermée dans un somptueux palais-souk signé Nicky Rieti est plus originale qu’il n’y paraît : brouillage des époques (plus subtil que l’actualisation à tout faire qui sévit un peu partout), révision des stéréotypes (le prophète débarrassé de son look christique), effets pertinents (l’éclipse de lune). Formidable direction d’acteurs aussi : valse mortelle d’Angela Denoke (une Salomé de rêve : ah, ces notes « flottées »!) avec Stig Andersen, Hérode politique autant que concupiscent. A venir : La Clémence de Titus, monté par Willy Decker en 1997, remplacé un temps par la version célèbre de Karl- Ernst Hermann (1981). A l’opéra, l’histoire se répète. Tant qu’elle ne bégaie pas...
François Lafon
Salomé, Opéra National de Paris Bastille, 11, 14, 17, 20, 23, 26, 30 septembre.