On dit Karajan ou Bernstein tout court, mais avec Järvi (il y en a trois), Jurowski (idem) ou Petrenko (il y en a deux, qui n’ont rien à voir avec le patineur, et qui, apparemment, ne sont pas frères), il faut préciser le prénom. Ce soir, c’est Vasily Petrenko, trente-six ans, qui dirige à Pleyel le Philharmonique de Radio France. Programme troublant : Le Chant des forêts, oratorio à grand spectacle de Chostakovitch, et Roméo et Juliette, suites de ballet de Prokofiev. Deux œuvres pour le peuple (ou qui essayent de l’être), mais l’une écrite sous la contrainte par un génie malheureux (1949), l’autre composée dans la joie par une star internationale désireuse de rentrer au bercail (1935). Petrenko le jeune (l’autre, Kirill, a quatre ans de plus) s’était fait remarquer l’année dernière en dirigeant Eugène Onéguine de Tchaïkovski à l’Opéra Bastille. Le revoilà tout feu tout flamme mais très organisé, habile à faire apparaître le grand Chostakovitch sous le Chostakovitch de circonstance, et à rappeler que même redistribué en suites, Roméo et Juliette est un ballet, et que le mouvement en est le fin mot. Méfiez-vous de ce Petrenko-là, il serait capable de vous faire admettre que la 3ème Symphonie de Rachmaninov (le CD sort chez EMI) est un chef-d’œuvre.
François Lafon
Pleyel le 10 février