Soirée d’exception hier à la Salle Gaveau, avec un programme fait de grands classiques, dont deux sommets du piano romantique : les Variations Diabelli de Beethoven et la Fantaisie D 760 dite Wanderer de Schubert. Deux œuvres de commande : la contrainte a joué un rôle fertile…Les premières, on le sait, furent commandées par Diabelli à partir d’une pauvre valse de sa composition, pour une publication au bénéfice des victimes des guerres napoléoniennes. Diabelli désespérait de recevoir une variation de Beethoven quand, bien après les autres compositeurs sollicités – ils étaient 50 - il en livra 33 en 1823. 33 pièces bijou de force descriptive, autant de personnages, peut-être ceux morts sur le champ de bataille, et celles et ceux parmi leurs proches. La Fantaisie de Schubert quant à elle fut commandée en 1822 par un riche aristocrate viennois, et ce fut la seule partition de Schubert à être publiée de son vivant par... Diabelli. Les parallèles entre les deux œuvres sont nombreux – la Fantaisie joue sur des variations complexes, dans et à partir de son deuxième mouvement lent. Mais pour le reste, tout les sépare, la construction, l’univers sonore, sauf encore… la virtuosité. C’est au diable de jouer cette pacotille, disait de son œuvre Schubert, lui-même incapable de la jouer. C’est en privilégiant la virtuosité que Laurent Cabasso, s’en tire, au risque de ne pas toujours s’intéresser aux élans poétiques, méditatifs ou jubilatoires de ces œuvres. Mais quel programme !... avec en entrée la très romantique Sonate K 310 de Mozart, et en encore demandés vivement par le public la Variation sur la valse de Diabelli par Schubert.. . et – de mémoire- le 3ème prélude du 2ème Livre du Clavier bien tempéré de Bach. Un moment généreux, donc, au profit des actions de l’Association Coline en Ré, au profit d’enfants hospitalisés à Kaboul et à Phnom-Penh.
Albéric Lagier