Reprise à l’Opéra Bastille de L’Affaire Makropoulos de Janacek dans la mise en scène de Krzysztof Warlikowski, spectacle phare de l’ère Gerard Mortier. Salle de première, ovation au rideau final : visage fermé du metteur en scène, trublion devenu icône. Sept ans après, le spectacle ne choque plus, il fait même figure de mètre étalon d’un Regietheater désormais généralisé, de condensé des standards du genre, entre discours induit et démonstration appuyée : brillante, l’assimilation de la diva victime d’un élixir de longue vie à une star d’Hollywwod, d’autant plus fragile à la ville qu’elle est immortelle sur l’écran ; virtuose, l’utilisation de l’image – Marilyn qui rit, Marilyn qui pleure en guise d’ouverture, Gloria Swanson dansant pour l’éternité dans Sunset Boulevard de Billy Wilder ; superbe la mort tant désirée de l’héroïne au fond de sa piscine, passant le relais à sa cadette déjà marilynisée ; mais convenus les airs maffieux des hommes d’argent qui entourent la vedette, démonstratives les scènes de séduction dans les toilettes publiques. Question récurrente : une telle transposition donne-t-elle au public actuel les clés d’une œuvre déjà complexe ou achève-t-elle de le dérouter ? Respirant au rythme particulier de la somptueuse musique de Janacek, la chef Susanna Mälkki répond à sa manière, secondée par un plateau musicalement précis et dramatiquement concerné, même si l’excellente Ricarda Merbeth est moins crédible en diva névrosée qu’Angela Denoke en 2007.
François Lafon
Opéra de Paris Bastille, jusqu’au 2 octobre Photo © Opéra de Paris