Vendredi 29 mars 2024
Visions fugitives
Les Belcea éclairent les mystères de l’Ecole de Vienne
Berg - Webern - Schoenberg

Programme archiclassique de la modernité : Webern, Berg, Schoenberg (dans cet ordre) réunis dans un seul disque, voici l’essence de l’Ecole de Vienne. Pas nouveau, en effet, de réunir autour du quatuor à cordes les trois compositeurs phares de la révolution atonale qui demandent pourtant des qualités très différentes. Après une mise en bouche très post-romantique avec le Langsamer Staz, galop d’essai d’un Webern encore très bavard, on entre dans le « dur » avec les Cinq pièces op. 5. Les Belcea s’y appliquent avec le sens du détail qu’on leur connaît (voir ici leur intégrale des quatuors de Beethoven) sans perdre pour autant le souffle et la concentration. Dans la Suite lyrique de Berg (jouée dans la version publiée par le compositeur, sans voix) cet alliage de finesse et de sens de la couleur se traduit par une interprétation ni froidement « analytique » ni ouvertement romantique, d’une mystérieuse volupté jusqu’au largo desolato final, vraiment fantomatique. La Nuit transfigurée, la tentative la plus réussie par Schoenberg de réconcilier le sens de la forme de Brahms avec le chromatisme wagnérien, est encore plus réussie, riche de superbes sonorités feutrées et de d’arrière-plans crépusculaires.
Pablo Galonce 

Weber : Langsamer Satz - Cinq pièces op. 5 - Berg : Suite lyrique - Schoenberg : La Nuit transfigurée op. 4
Nicolas Bone (alto), António Meneses (cello) (Schoenberg)
Belcea Quartet
1 CD Alpha Outhere Alpha 209
1 h 20 min

mis en ligne le lundi 12 octobre 2015

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