Jeudi 25 avril 2024
Vingt-cinq ans résumés en une heure magique
Beethoven au sommet grâce au Quatuor Artemis
Quatuors à cordes op. 18 n°1 et op. 127

Et s'il n'en reste qu'un, ce sera celui-là, pourrait-on dire en plagiant le Victor Hugo des Châtiments. Dans l'intégrale des quatuors de Beethoven que poursuit le Quatuor Artemis, ce volume est, en effet, l'un des plus éloquents : entre la composition du quatuor op. 18 n°1 et celle du quatuor op. 127, vingt-cinq ans se sont écoulés, Beethoven a tout vu, tout vécu et plus rien entendu, ses idéaux ont été rognés par l'Histoire, ses enthousiasmes sont devenus des emportements et son écriture presque classique s'est transformée en inventions visionnaires. Cette géniale évolution du grand Ludwig, le quatuor Artemis la traduit d'une manière qui ne l'est pas moins, passe avec maestria des dialogues élégants du premier quatuor aux intonations tragiques qui marquent le douzième. « A toi, à moi, à lui, à nous » semblent dire les musiciens qui se renvoient les thèmes et les mélodies de l'op. 18 avec une grâce infinie ; « je souffre, aide-moi, je te soutiens, on va s'en sortir ensemble » racontent-ils dans l'op. 127 où leur sonorité, sans cesser d'être belle, est devenue rauque au lieu d'être aérienne, pour reflèter la quête de Beethoven et ses soubresauts jusqu'à la vivacité étrangement mélancolique du dernier mouvement. Et s'il n'en reste qu'un... Non, on attend avec impatience le prochain : il cloturera cette intégrale qui fait déjà date.
Gérard Pangon

Quatuor à cordes op. 18 n°1 et op. 127
Quatuor Artemis
1 CD Virgin Classics 50999 628659
60 min

mis en ligne le mardi 2 novembre 2010

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