Jeudi 28 mars 2024
Une sorte d’accomplissement
Matthias Goerne en voyageur schubertien : pas loin du sommet
Wanderers Nachtlied

Double album, deux accompagnateurs pour cette huitième étape du parcours Schubert entrepris depuis sept ans par Matthias Goerne. Au fil du temps, son timbre s’est assombri, et comme densifié. Son talent à alléger le son, à le varier, à utiliser son incroyable palette expressive n’en est que plus évident. Avec ce Chant nocturne du voyageur (Wanderers Nachtlied), il est pleinement dans son élément, il atteint une sorte d’accomplissement. Ce n’est pourtant qu’un marchepied vers le Voyage d’hiver, son bâton de maréchal en concert, où il retrouvera « son » pianiste Christoph Eschenbach. Son partenaire de longue date Eric Schneider n’est pas moins « son » pianiste », comme il le montre ici, plus peut-être qu’Ingo Metzmacher (vol. 4) ou Andreas Haeffliger (vol. 7). Quoique… Une de ses grandes qualités – et probablement une des clés de son art de récitaliste – consiste à savoir choisir ses partenaires, à savoir les écouter, à ne pas craindre d’être influencé par eux. Son voyageur a les pieds plus ailés avec le véloce Schneider qu’avec le plus statique Helmut Deutsch. Bien vu : c’est avec le premier qu’il enchaîne les magiques Lieder sur des poèmes de Goethe. Pas un temps mort, cela dit, dans ce copieux programme composé et interprété avec un art actuellement à nul autre pareil.
François Lafon


36 Lieder sur des poèmes de Kosegarten, Claudius, Schlegel, Matthisson, Mayrhofer, Schober, Klopstock, Rückert, Goethe, etc.
Matthias Goerne (baryton), Helmut Deutsch, Eric Schneider (piano)
2 CD Harmonia Mundi HMC 902109.10
2 h 10 min

mis en ligne le lundi 17 mars 2014

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