Vendredi 29 mars 2024
Un Requiem infiniment humain
Nikolaus Harnoncourt livre un Brahms apaisé
Ein deutsches Requiem

Dans les années soixante, alors qu’il commence à faire parler de lui, Nikolaus Harnoncourt apparaît comme l’un des jeunes turcs du renouveau baroque. Aujourd’hui, ce Requiem allemand, qu’il a enregistré à près de quatre-vingts ans, ressemble au testament d’un artiste apaisé. Dans cet émouvant monument de la musique sacrée, on peut être tenté d’accentuer les effets dramatiques, par exemple, avec des basses profondes à faire trembler les murs ou des aigus de sopranos prêtes à s’envoler vers le ciel. Nikolaus Harnoncourt choisit au contraire la méditation, invite à une lente procession, amène à s’interroger sur son propre destin, comme le faisait lui-même Johannes Brahms, le protestant angoissé. La lenteur inhabituelle du deuxième mouvement va naturellement dans ce sens, mais ce climat tient moins au tempo qu’à la direction : dès le tout début de ce Requiem, on est saisi par la mise en place des bois et des cuivres qui percent de manière exceptionnelle au milieu des cordes sombres et douloureuses - dont les violons sont totalement absents -, et par les fondus entre le chœur, exceptionnel lui aussi, et l’orchestre. Cette interprétation humaine, infiniment humaine, joue magnifiquement sur l’empathie, mais les solistes, malheureusement, donnent l’impression de trop s’exposer dans un ensemble où tout est construit pour chuchoter et consoler.
Gérard Pangon

Ein deutsches Requiem
Genia Kühmeier (soprano), Thomas Hampson (baryton)
Chœur Arnold Schœnberg, Orchestre Philharmonique de Vienne
Direction musicale : Nikolaus Harnoncourt
1 CD RCA
1 h 12 min

mis en ligne le mardi 14 décembre 2010

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