Mercredi 24 avril 2024
Un adieu aux accents russes
Le dernier disque de Brigitte Engerer
Elégie

1975 : quelques mois séparent Dmitri Chostakovitch de sa mort quand il commence une sonate pour alto et piano. Ce sera son opus posthume, typique dans la noirceur de sa dernière manière : un discours aux frontières du silence fait d’ellipses et d’allusions, tragique et grinçant, deux mouvements lents de plus en plus éparses, séparés par un scherzo en guise d’interlude ironique. Pour un tombeau, cette Sonate est un concentré de l’art du compositeur. 2011 : pour son dernier disque, Brigitte Engerer fait un retour à la musique russe, son répertoire de prédilection, en compagnie de Gérard Caussé. Autour de la Sonate pour alto, une poignée de pages de Tchaïkovski, Glazounov et Rachmaninov. Le ton du programme est donné par le titre, Elégie, qui rétrospectivement sonne comme un adieu à l’artiste disparue récemment. Tout l’art de la pianiste, qui savait mettre sa musicalité au service des autres, est dans ces pages, surtout dans la sonate de Chostakovitch (où par ailleurs Gérard Caussé signe l’une de ses plus belles interprétations) dont on aura rarement entendu le dialogue entre l’alto et le clavier aussi bien équilibré. Le reste du programme, joué avec cette même entente parfaite, pourrait être la musique de scène d’une pièce de Tchekhov : tout un monde lointain dont les échos semblent résonner pour une dernière fois.
Pablo Galonce

Chostakovitch : sonate pour alto et piano op.147 - Tchaïkovski : Souvenir d'un lieu cher ; Valse sentimentale ; Nocturne en do dièse mineur - Rachmaninov : Vocalise - Glazounov : Elégie op.44
Brigitte Engerer (piano), Gérard Caussé (alto)
1 CD Mirare MIR172
58 min

mis en ligne le mardi 21 août 2012

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