Vendredi 29 mars 2024
Trop beau pour être vrai
Arabella Steinbacher dans Prokofiev : le risque d’en faire trop
Les deux concertos pour violon - Sonate pour violon seul

Dédaignés, les deux concertos pour violon de Prokofiev ? Il est vrai qu’ils paraissent moins hardis que ses concertos pour piano, voire plus composites, oscillant entre un limpide lyrisme et une ironie mordante. Depuis David Oïstrakh, pourtant, peu de violonistes ont pu résister à leur attrait : récemment, Janine Jansen a donné, par exemple, un magnifique Deuxième concerto avec subtilité et intelligence. En bonne élève d’Ana Chumachenko (comme Julia Fischer et Lisa Batiashvili), Arabella Steinbacher a, elle aussi, tout pour réussir son Prokofiev : un son parfaitement posé, un archet léger, une technique à toute épreuve. La rarissime Sonate pour violon seul est, grâce à ces qualités, un total succès. Mais dans les concertos, deux œuvres où l’art doit cacher l’art, elle choisit la voie la plus difficile et ajoute de la sophistication à une musique qui demande souvent la plus complète naïveté, dans le bon sens du terme. Les amateurs du « beau violon » seront servis : l’instrument chante, mais avec force effets, certains traits sont grossis ou soulignés jusqu’à la caricature (deuxième mouvement du Premier concerto), les mélodies avancent avec peine (finale du même concerto). On en veut presque à Arabella Steinbacher de ne pas oublier ses portamenti et autres effets pour laisser son violon vibrer plus généreusement. Vasily Petrenko et l’Orchestre National de Russie renchérissent eux aussi dans ce style appuyé.
Pablo Galonce

Concerto pour violon n°1 op. 19 - Concerto pour violon n°2 op. 60 - Sonate pour violon seul op. 115
Arabella Steinbacher (violon)
Orchestre National de Russie
Direction musicale : Vasily Petrenko
1 SACD Pentatone PTC 5186 395
1 h 04 min

mis en ligne le vendredi 22 février 2013

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