Mardi 23 avril 2024
Tout Shakespeare dans deux violoncelles
La mystérieuse alchimie sonore d’Olivier Greif
Sonate pour deux violoncelles « The Battle of Agincourt » - Quatuor à cordes n°2, avec voix, sur trois Sonnets de Shakespeare

Pas facile de situer la musique d’Olivier Greif. On dirait que ce surdoué, entré à dix ans au Conservatoire de Paris, disciple du compositeur Luciano Berio avant de devenir celui d’un gourou indien, n’a cessé de brouiller les pistes. Il n’est pas jusqu’à sa mort, à cinquante ans, il y a juste dix ans, qui ne soit mystérieuse. Les deux œuvres qu’a choisies pour ce disque l’ensemble à géométrie variable Syntonia sont assez représentatives de ce côté OVNI. Dans La Bataille d’Azincourt (1996) pour deux violoncelles (l’instrument préféré de Greif), on entend un anachronique hymne religieux anglican, mais aussi et surtout des notes qui, comme disait l’auteur « tombent de ma plume tels des soldats au combat. » On voit des « soldats piétinés », et l’on finit sur un chant du ghetto de Varsovie : « Silence, la nuit est emplie d’étoiles. » La pièce la plus belliqueuse de Shakespeare dans un duo de chambre : tout Greif est là. Shakespeare toujours, dans le 2ème Quatuor (1998), dont trois Sonnets se retrouvent mêlés à un jeu de cordes à la fois abstrait et évocateur : chorus de jazz, citation de Beethoven, motif répété façon mantra. Tout cela est complexe, austère, mais auréolé d’une assez fascinante lumière. Les interprètes n’ont jamais cessé de défendre la musique de Greif, avec lequel ils étaient liés. Ici, ils sont impeccables.
François Lafon

Olivier Greif : Sonate pour deux violoncelles « The Battle of Agincourt » - Quatuor à cordes n°2, avec voix, sur trois Sonnets de Shakespeare
Alain Buet (baryton), Patrick Langot, Agnès Vesterman (violoncelles)
Ensemble Syntonia
1 CD Zig Zag Territoires ZZT 100 401
55 min

mis en ligne le vendredi 23 avril 2010

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