Jeudi 18 avril 2024
Ténèbres lumineuses
Philippe Herreweghe mène Gesualdo au paradis
 
Le même, pas pareil
Ténèbres angoissées
Tenebrae accompagne Gesualdo vers l'enfer
Responsoria 1611

Ce qui fascine chez Carlo Gesualdo, c’est le côté poignant d’une musique en équilibre apparemment instable, avec des dérapages fulgurants ou de longs passages oppressants, autant de variations qui accentuent la force des mots. Ce qui fascine chez Philippe Herreweghe, c’est son art d’équilibrer la musique et les mots, de ciseler la phrase musicale pour la rendre aérienne et en faire ressentir le caractère sublime. Alors quid de la rencontre a priori paradoxale entre le prince du sud de l’Italie et le musicien des Flandres ? Une belle réussite, avec une manière originale de trouver une harmonie entre l’expressivité torturée et la beauté apaisée. N’allez pas croire pour autant que Philippe Herreweghe gomme les aspérités de Gesualdo, mais au lieu de mettre en relief chacune d’elles, il les inscrit dans une vision d’ensemble plus large, s‘attache au sens global de cet Office des Ténèbres destiné à la Semaine Sainte. On est moins dans l’angoisse de la mort, que dans la méditation autour de la mort, et particulièrement, bien sûr, de la mort du Christ, élément essentiel (avec la Résurrection) de la religion chrétienne. Cette conception s’éloigne évidemment des interprétations habituelles de Gesualdo, qui portent en filigrane les démons intérieurs d’un compositeur à l’existence tourmentée. D’où l’originalité de cet enregistrement qui troublera peut-être certains « gesualdistes » patentés, mais dont on ne soulignera jamais assez la splendeur musicale.
Gérard Pangon
PS : le Gesualdo " gesualdien ", c'est par ici

Responsoria et alia ad Officium Hebdomadae Sanctae spectantia
Collegium Vocale de Gand
Direction musicale : Philippe Herreweghe
2 CD Phi Outhere LPH 010
2 h 07 min

mis en ligne le mercredi 15 janvier 2014

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