Vendredi 29 mars 2024
Sous le signe des ancêtres
Bruno Mantovani, le savoir-faire et la poésie
Bruno Mantovani

Comme beaucoup de compositeurs ces dernières décennies, Bruno Mantovani, né en 1974, tend à se réclamer, dans ses œuvres, de « grands ancêtres ». Pas forcément pour les démarquer, mais comme s’il fallait d’une façon ou d’une autre se justifier, ou du moins « donner une raison ». Ses très contrastés Huit moments musicaux de 2008 pour violon, violoncelle et piano se situent sous le signe de Schubert : usage des lettres, en notation allemande, du nom du compositeur viennois (FASCH, c’est-dire ¬ fa -la - mi bémol - do -si), formes courtes, sentiment d’attente. Les Cinq pièces pour Paul Klee pour violoncelle et piano (2007) se préoccupent de lignes, sans pour autant renoncer aux chocs de sonorités. Suonare pour piano (2006) tient compte du fait que selon les cultures, on joue d’un instrument (en France, en Angleterre ou en Allemagne), on le touche (en Espagne) ou on le fait sonner (en Italie) : d’où, conformément au titre, une approche contemplative du piano et surtout une étude de ses résonances. D’une seule voix (2007) pour violon et violoncelle, comme la fameuse sonate de Ravel, pousse à l’ascèse, tandis qu’avec All’ungarese pour violon et piano (2009) s’impose Bartók : la Hongrie, ses deux sonates pour cette formation et son style rhapsodique, avec alternance entre lyrisme et rythmicité. Mantovani n’est pas l’esclave de ses grands hommes, et montre qu’il est aussi à l’aise en musique de chambre qu’à l’orchestre. Le savoir-faire est au rendez-vous, mais aussi la poésie.
Marc Vignal

Huit moments musicaux. Cinq pièces pour Paul Klee. Suonare. D’une seule voix. All’ungarese
Claire Désert (piano)
Trio Wanderer
1 CD Mirare MIR 159
1 h 11 min

mis en ligne le vendredi 26 juillet 2013

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