Musikzen

Vendredi 19 avril 2024

Solennité fin de siècle

Les pompes et les œuvres de Martial Caillebotte par Michel Piquemal

Messe Solennelle de Pâques

Attention : un frère peut en cacher un autre. On connaît bien Gustave, qui rabote les parquets (du moins en peinture), mais peu Martial, qui photographie sa famille (et aussi le Paris de son temps). A la toute fin du 19ème siècle, les frères Caillebotte, qui ont la chance de pouvoir vivre de la fortune accumulée par le papa, meublent leur existence avec leurs hobbys : en dehors des timbres et de l’impressionnisme, Gustave se passionne pour les orchidées, et, à côté de la photo, Martial, le puiné, pour la musique qu’il a étudiée au Conservatoire National de Paris, avec pour professeur Théodore Dubois. Martial compose, donc, ce qu’on ne découvrira que tardivement car il est longtemps resté dans l’ombre de son frère qui meurt en 1894. En 1896, l’année de composition de cette Messe, la société française est en voie de laïcisation. La fête de Pâques revêt alors pour les catholiques une importance considérable, comme pour une manifestation de résistance, et la messe de Martial Caillebotte est évidemment adaptée aux circonstances : le recueillement est solennel, forcément solennel, les harmonies s’accordent à la pompe et aux ors, les chœurs sont teintés d’une petite pointe de romantisme capable de susciter l’émotion, et Martial Caillebotte fait preuve d’un talent certain pour l’orchestration. La musique n’a toutefois rien d’exceptionnel et l’interprétation est, ici, parfois approximative ; l’intérêt historique compense ces faiblesses.

Gérard Pangon

Messe Solennelle de Pâques

Mathilde Vérolles (soprano), Patrick Garayt (ténor), Eric-Martin Bonnet (basse), Mathias Lecomte (orgue)

Chœur Régional Vittoria d’Ile-de-France, Orchestre Pasdeloup

Direction musicale : Michel Piquemal

1 CD Sisyphe 020

1 h 03 min

mis en ligne le dimanche 31 mars 2013