Vendredi 19 avril 2024
Serpent lugubre et berceuse ineffable
Olivier Schneebeli révèle les ombres et les lumières de Campra
Messe de Requiem - Psaume « In convertendo »

On considère volontiers André Campra comme une sorte d’intermédiaire entre Lulli et Rameau, alors que mieux vaut voir en lui un des grands représentants de l’opéra français de son temps. Ce natif d’Aix-en-Provence fut de ceux qui introduisirent l’esprit italien dans la musique française, à la scène mais aussi à l’église. Contrairement à celui de son contemporain Jean Gilles, très tôt célèbre et publié en 1764, son Requiem - un chef-d’œuvre - ne fut jamais cité au XVIIIe siècle. Il n’est connu que par deux ou trois copies manuscrites non autographes assez tardives (années 1730 et 1740), et sa date de composition reste matière à discussion. Cette nouvelle version, réalisée en concert, oppose de façon fascinante les zones d’ombre et les zones de lumière, des sonorités de serpent (un instrument à vent assez lugubre) du début à la berceuse ineffable, aux limites du silence, du Lux aeterna. Ce CD est complété par le psaume In convertendo, dont il existe deux versions, une de 1703 et une de 1726. C’est la seconde qui est proposée ici. On n’est plus à la fin du règne de Louis XIV, mais après la Régence, au début de celui de Louis XV : le style est devenu plus décoratif, la sensibilité plus exacerbée, et l’orchestre plus fourni (flûtes). On entend aussi, pour finir, une version pour taille (ténor de tessiture grave) de l’Agnus Dei du Requiem.
Marc Vignal

Messe de Requiem - Psaume « In convertendo »
Les Pages & les Chantres du Centre de Musique baroque de Versailles, Orchestre des Musiques Anciennes et à Venir
Direction musicale : Olivier Schneebeli
1 CD K617 224
1 h 08 min

mis en ligne le dimanche 8 mai 2011

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