Vendredi 29 mars 2024
Sans concession
Denis Pascal tient à distance le spleen schubertien
Schubert : Sonates D. 960 et D. 784

« Il est essentiel de faire le lien entre l’actuel engouement pour l’œuvre de Schubert et la tangible émotion, voire la stupeur dans laquelle cette musique, dès sa création, a plongé ses contemporains, pour comprendre à quel point sa force reste subversive », note Denis Pascal en exergue de ce disque. Bien vu de la part de cet artiste singulier, reconnu par ses pairs (disciple de György Sebök, accompagnateur de Janos Starker) et par ses élèves (au Conservatoire Supérieur de Paris, entre autres). Au-delà des « divines longueurs » (Schumann) du "Molto moderato" introductif et de l’errance intérieure de l’"Andante" qui suit, le secret de l’ultime Sonate D. 960 de Schubert réside peut-être dans la douche écossaise de son Scherzo - primesautier - et de son Allegro - entre chair et cuir -, comme une double distance prise par le compositeur vis-à-vis de son propre spleen. C’est en tout cas une explication possible de l’interprétation qu’en donne Denis Pascal, retenue jusqu’à la discrétion dans les deux mouvements initiaux, frustrante pour qui demande à l’Andante de lui mettre la larme à l’œil, mais révélant en fin de compte un sens très sûr de l’architecture d’ensemble. La non moins dépressive et non moins ambiguë 16ème Sonate, de quatre ans antérieure, profite mieux encore de ce traitement sans concession.
François Lafon

Sonates pour piano en si bémol majeur D. 960 et en la mineur D. 784
Denis Pascal (piano)
1 CD La Musica LMU 008
1 h 05 min

mis en ligne le jeudi 25 mai 2017

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