Vendredi 29 mars 2024
Rude concurrence
Un duo français équilibré pour l’ascension de l’Everest bartokien
Concertos pour violon n° 1 et 2

Quelle chance pour Renaud Capuçon que le 1er Concerto pour violon de Bartok, œuvre de jeunesse refondue dans les Deux Portraits pour orchestre, ait été redécouvert : avec François-Xavier Roth dirigeant le virtuosissime London Symphony dont il est  depuis peu Principal guest conductor, il en donne une version équilibrée entre finesse debussyste et opulence straussienne, où son archet volontiers lyrique est contrebalancé par le travail d’orfèvre de l’orchestre. Pour le second Concerto, composé trente ans plus tard (1937) et considéré d’emblée comme un des grandes et redoutables réussites du genre, la concurrence est plus rude et la tâche de plus longue haleine. Nostalgiques de la titanesque version réunissant Yehudi Menuhin et Wilhelm Furtwängler en 1953, passez votre chemin : Capuçon et Roth se positionnent plutôt entre Ivry Gitlis avec Jasha Horenstein (pour l’aspect visionnaire et folklorique, au meilleur sens du terme) et, beaucoup plus récemment, Isabelle Faust avec Daniel Harding ( « structuralistes » sans renoncer aux embardées qui caractérisent le chef-d’œuvre). Si pourtant ils vous paraissent un peu trop ménager l’auditeur, c’est essentiellement le fait de Capuçon, lequel tient la distance quant au frémissement parcourant les quarante minutes que dure l’ascension de cet Everest musical, mais reste un peu sage quant à la prise de risques permanente qui a fait de Menuhin – là encore plus qu’ailleurs - une indémodable référence. 
François Lafon

Concertos pour violon et orchestre n° 1 et 2
Renaud Capuçon (violon)
London Symphony Orchestra
Direction musicale : François-Xavier Roth
1 CD Erato-Warner 0190295708078
1 h 01 min

mis en ligne le jeudi 26 avril 2018

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