Vendredi 29 mars 2024
Rap et slam au Moyen Age
Les récits d'amour d'un troubadour
Peirol d'Auvèrnha

Si vous avez un peu de curiosité, un zeste d'audace et un brin d'inconscience, n'hésitez pas : jetez-vous sur ces étranges mélodies d'un rappeur de l'an 1200 qui confie son mal d'amour avec des rythmes entêtants. Ce rappeur du Moyen Age s'appelle Peirol, Peirol d'Auvèrnha, parce qu'il est né en Auvergne et qu'à l'époque, on y parle la langue d'oc. C'est un troubadour, donc un poète et un chanteur. Pendant que les seigneurs sont aux croisades, il s'installe dans une cour ou une autre et raconte ses histoires. Parfois, - du moins dans la version fascinante qu'en donnent Bruno Bonhoure et La Camera delle Lacrime -, on a même l'impression qu'il les pleure, accompagné par une vielle qui gémit avec lui. Et puis le rythme reprend, marqué par des instruments d'ailleurs, un tambour de Turquie (yayli), un autre de Perse (daf), une cithare arabe (kanun). L'intelligence de cet enregistrement, de ce mélange des instruments, est de faire de ces mélopées toutes simples de l'Occitanie française de véritables musiques du monde, donc universelles et mystérieuses à la fois, sans en altérer pour autant l'origine : l'équilibre entre articulation et résonance garde sa typicité. Bien sûr, on n'écoute pas forcément du Peirol d'Auvèrnha en continu comme un concert du Nouvel an à Vienne. Encore que.... Faites l'expérience : on n'en ressort pas sans frisson.
Gérard Pangon

17 chansons de Peirol d'Auvèrnha
Bruno Bonhoure (ténor)
La Camera delle Lacrime
Zig-Zag Territoires (2009)
1 h 12

mis en ligne le mercredi 20 janvier 2010

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