Vendredi 29 mars 2024
Raison et sentiments
Jurowski et McVicar rendent justice au côté humain de Wagner
Die Meistersinger von Nürnberg

Une comédie, Les Maîtres chanteurs ? Du pamphlet nationaliste au manifeste pour la musique de l’avenir, on a interprété l’opéra sous une lumière politique ou esthétique en oubliant souvent que, loin des dieux et des héros, Wagner s’est mis au niveau de ses personnages, proches pour une fois de ce que le commun des mortels peut ressentir. C’est bien de cette quotidienneté que David McVicar tire l’essence de sa mise en scène pour Glyndebourne : on n’est plus dans un Moyen Age idéalisé mais dans un XIXème siècle bourgeois, très gemütlich (confortablement casanier, en bon français) mais aussi irrésistiblement drôle, dans lequel les péripéties sentimentales très classe moyenne rappellent les romans de Jane Austen. La distribution est un sans faute : Gerald Finley, physiquement encore trop jeune pour faire sentir le poids des années, est un Hans Sachs vocalement impressionnant, et Johannes Martin Kränzle lui donne la réplique comme un Beckmesser tout aussi juste. Pour que la fête soit complète, Vladimir Jurowski est également au diapason du ton léger qui convient à cette folle journée : dès l’ouverture, il dégraisse le jeu du Philharmonique de Londres, trouve une dimension chambriste et rend justice à la dimension mélodique de l’œuvre. De loin, la meilleure production parue dans cette année Wagner.
Pablo Galonce

Die Meistersinger von Nürnberg
Marco Jentzsch (Walther von Stolzing), Anna Gabler (Eva), Michaela Selinger (Magdalene), Topi Lehtipuu (David), Alastair Miles (Veit Pogner), Johannes Martin Kränzle (Sixtus Beckmesser), Gerald Finley (Hans Sachs), Colin Judson (Kunz Vogelgesang)
London Philharmonic Orchestra, Chœurs du Festival de Glyndebourne
Direction musicale : Vladimir Jurowski
Mise en scène : David McVicar
Réalisation : François Roussillon
2 DVD Opus Arte
4 h 40 min

mis en ligne le lundi 8 avril 2013

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