Vendredi 29 mars 2024
Quand la Renaissance porte bien son nom
Ludus Modalis chante Costeley avec élégance et délice
Mignonne allons voir si la Rose

C’est toujours la même histoire. Quand on parle de la Renaissance en France, les châteaux de la Loire occupent toute la place. Parfois, quand même, on évoque les lettres (de Rabelais à Montaigne en passant par les poètes de la Pléïade), éventuellement la peinture (les Clouet), mais rarement la musique, comme si depuis les franco-flamands du siècle précédent, il ne s’était rien passé. La musique, pourtant, traduit à merveille l’air du temps. Dès le début du XVIème, Clément Janequin représente une tendance nouvelle, le refus de se cantonner à la musique sacrée pour composer des chansons dans l’esprit de l’époque, aux polyphonies peut-être moins savantes, mais destinées à mettre en musique les « nouvelles valeurs » : la nature, le plaisir, le goût de la vie, la place de l’homme et pas seulement celle de Dieu… Guillaume Costeley est de cette école, et son Mignonne allons voir si la rose en témoigne, qui fait chanter la poésie de Ronsard avec des inflexions et un jeu sur les voix, destinés à épouser les points de vue du narrateur. L’Histoire retient que ce musicien fut lié au poète Jean-Antoine de Baïf, qu’il imagina avec lui une académie de musique, et que son recueil d’une centaine de chansons intitulé Musique et publié en 1570 représente l’une des sommes du genre. On y trouve des pastorales et des lamentations, des suppliques et des chansons grivoises, des chants de bataille et des mélodes d’amour, avec une approche subtile des textes et un jeu sur les émotions, que l’ensemble Ludus Modalis met joliment en évidence dans cet intelligent florilège.
Gérard Pangon

Guillaume Costeley : 27 chansons spirituelles et amoureuses de la Renaissance française
Ludus Modalis
Direction musicale : Bruno Boterf
1 CD Ramée Outhere RAM 1301
1 h 12 min

mis en ligne le vendredi 19 avril 2013

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