Jeudi 28 mars 2024
Premiers pas à Leipzig
Philippe Pierlot, très chaste dans trois cantates de Bach
Consolatio

Trois « petites cantates » mais pas n’importe lesquelles. La numéro 22 est celle que Bach a envoyée à Leipzig pour faire acte de candidature au poste de Cantor : succès, il a été bien élu grâce à cette page aux dimensions plutôt modestes mais qui contient déjà tout son savoir-faire. La 75 est aussi liée aux débuts à Leipzig, puisqu’il s’agit de la première cantate du nouveau cantor à avoir été entendue dans l’une des églises de la ville. Le ton d’espoir de ces deux œuvres contraste avec celle de la 127, où Bach nous fait sentir comme rarement ailleurs les terreurs de la mort (« Lorsqu’à la dernière heure tout fait horreur… »). L’interprétation de Philippe Pierlot est économe pour ne pas dire pudique, à commencer par l’effectif : les quatre solistes (dont Carlos Mena est sans conteste le plus remarquable) sont aussi les seules voix du chœur, l’orchestre est réduit presque au minimum. Puritaine, l’interprétation l’est aussi dans plus d’un sens, puisque Pierlot se refuse à dramatiser le propos y compris dans les moments où la musique et le texte semblent le demander. Ce que l’on gagne ainsi en limpidité on le perd en intensité : il n’y manquerait parfois qu’un supplément de ferveur (ou de sens dramatique) pour nous convaincre pleinement, comme Bach l’avait fait en son temps, de la beauté de ces pages.
Pablo Galonce 

Cantates BWV 75 Die Elenden sollen essen ; BWV 22 Jesus nahm zu sich die Zwölfe ; BWV 127 Herr Jesu Christ, wahr’ Mensch und Gott
Hannah Morrison (soprano), Carlos Mena (alto), Hans-Jörg Mammel (ténor), Matthias Vieweg (basse)
Ricercar Consort
Direction musicale : Philippe Pierlot
1 CD Mirare MIR 332
1 h 06 min

mis en ligne le dimanche 22 avril 2018

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