Mardi 16 avril 2024
Pièges évités
John Eliot Gardiner souffle le chaud et le froid sur Stravinsky
Oedipus Rex - Apollon musagète

Enchaîner Oedipus Rex et Apollon musagète tombe sous le sens. Chronologiquement contemporains (1927-1928), l’opéra-oratorio en latin (texte de Jean Cocteau traduit par Jean Daniélou) et le ballet blanc chorégraphié par Georges Balanchine relèvent tous deux de la veine néoclassique de Stravinsky. Mais ils vont aussi - chacun à sa manière - aussi loin qu’on peut aller dans la froideur, le détachement, l’objectivité recherchés par le compositeur depuis le ballet Pulcinella (1920). Danger pour un chef « normal » : la sécheresse, ou l’indifférence. Danger supplémentaire pour un baroqueux tel John Eliot Gardiner : la surexposition des sources baroco-classiques de ces musiques. Avec un Symphonique de Londres virtuose et son infaillible Monteverdi Choir, celui-ci échappe au double piège : battue inexorable, sonorités crues et solennité calculée pour Oedipus Rex, élégance charmeuse et glaçante d’Apollon musagète. Et si les voix rugueuses qu’il a choisies pour Oedipus achèvent d’empêcher tout attendrissement ou toute identification, la beauté des échanges solistes-orchestre à cordes rendent supportables les longueurs d’Apollon. Et pour les fans : Fanny Ardant en récitante d’Œdipe, véhémente et ambiguë, rappelle Maria Casarès au Palais Garnier dans les années 1970.
François Lafon

Oedipus Rex - Apollon musagète
Jennifer Johnson (Jocasta), Stuart Skelton (Oedipus), Gidon Saks (Creon), David Shipley (Tiresias), Fanny Ardant (la Récitante)
Monteverdi Choir - London Symphony Orchestra
Direction musicale : John Eliot Gardiner
1 SACD LSO Live LSO0751
1 h 19 min

mis en ligne le mercredi 18 juin 2014

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